La douleur du bonheur, accoucher sans souffrance

Publié le par simone envoiture

Depuis que j'ai mes regles, je me suis toujours exercee a supporter les douleurs liees a l'accouchement, non pas que j'etais pressee d'etre mere mais plutot que je souhaitais m'y preparer. Ca me donne l'occasion de dire que la nature, c'est vrai, est bien faite. Tous les mois notre corps nous offre la possibilite d'apprehender en moindre mal  les douleurs d'un accouchement. Avant d'enfanter pour la premiere fois, les seules dont j'entendais parler etaient les contractions. Il me paraissait evident qu'elles s'apparentaient aux regles. Je trouvai alors un biais positif a vivre mes menstruations peniblement :o)

Vint alors le premier accouchement de ma vie: celui de ma grande soeur. J'etais heureuse d'assister a la naissance de ma niece, j'avais 20 ans. Il paraitrait qu'il n'est pas conseille pour une femme d'assister a un accouchement tant qu'elle n'a pas eu d'enfant elle-meme.. pour ne pas risquer de la traumatiser. Decidement, la peur du traumatisme peut s'averer plus traumatisante que l'epreuve elle-meme.. Puisque je n'aborde que mon vecu, j'ai adore voir ma niece venir au monde, ma mere aussi a eu cette chance. Je suis reconnaissante envers ma soeur d'avoir partage avec moi ce moment la, ca m'a permis de vivre la naissance de mon premier fils avec des images positives en tete. Mon esprit, a l'epoque de cette naissance, n'etait pas tres serein, plutot torture par une vie sentimentale triste. J'avais suivi des seances de preparation a l'accouchement avec une sage femme. Le jour que j'ai cru J, je suis partie a la maternite accompagnee de ma mere. Avec le recul je pense que c'etait trop tot. Le travail fut long, mes accompagnantes a l'hopital ont juge bon de l'accelerer. J'etais pourtant disposee a vivre naturellement cette naissance. Ma mere a mes cotes me renvoyait a son premier accouchement qui avait dure 2 jours.. j'avais de la marge, je ne trouvais pas ma peine si terrible. Pourtant j'ai suivi le mouvement : peridurale, rupture de la poche des eaux, injection d'ocytocine et enfin de magnesium (je crois). Mon fils est finalement
ne dans l'urgence et le stress. Mon allaitement fut tres douloureux les deux premiers mois avec de fortes fievres accompagnees de tremblements incontrolables. Lorsque je suis tombee enceinte de mon deuxieme, j'ai envisage d'accoucher dans une petite clinique au bord de la mer, tres basique mais tranquille. Puis on m'a parle d'une sage femme qui accouchait les femmes a leur domicile. Au premier abord je n'ai pas eu de declic, ca ne m'avait jamais traverse l'esprit pour la simple raison qu'on ne m'en avait jamais parle avant, je ne m'etais jamais pose la question de faire autrement a vrai dire. C'est environ au 7eme mois, au reveil, j'ai dit a Rene : "je sens que ca va bien se passer, je voudrais accoucher a la maison", il etait ravi. Les preparations a l'accouchement nous servirent a mieux nous connaitre la sage femme, Rene et moi. Nous organisions la maison pour accueillir au mieux notre 2eme garcon. Les contractions ont commence un soir, la veille du jour J, cette fois-ci j'en etais sure. Je suis allee me coucher contente et sereine, disposee a bien me reposer pour attaquer le lendemain dans de bonnes conditions. J'ai profite de ma pleine forme et de mes contractions pour faire le menage en guise d'exercices afin d'assouplir mon bassin. Nous avons enchaine avec une balade dans les collines autour de chez nous, deux heures ponctuees regulierement d'intenses contractions qui m'obligeaient systematiquement a m'accroupir et respirer doucement, avec le ventre, en expirant par la bouche. J'etais heureuse, mon petit se presentait au portillon, j'acceptais les douleurs pour le simple fait qu'il n'y avait rien d'anormal la dedans. Accoucher est douloureux, tout le monde sait ca, pourquoi s'inquieter alors d'avoir mal ? Ce n'est pas une blessure, ni une maladie. Mon bassin s'ouvre, s'ecarte, un crane se faufile tant bien que mal entre mes os, par evidence ca fait mal, ca ne presage pas forcement d'un probleme. Le reel probleme c'est d'accepter cette douleur, d'en faire son alliee. Ne pas se laisser emporter par le stress, se faire confiance mentalement et physiquement. Une fois rentree a la maison, je me suis glissee dans l'eau, j'ai continue mon travail toute seule en attendant ma sage femme et regardant le pere et son fils se faire un plat de pates que je revais de partager avec eux. J'avais faim! Mais plus encore, j'avais envie d'accoucher. Nous rigolions beaucoup, Rene ne croyait pas que j'etais sur le point d'accoucher tellement j'etais detendue. Tout le travail s'est fait dans l'eau, puis je suis sortie, plus a l'aise en dehors. Gerer la douleur c'est surtout bien respirer je pense ou plutot respirer correctement. Penser a oxygener le bebe. Pris par la douleur on coupe sa respiration, c'est une erreur. Bebe a besoin d'air, lui aussi travaille, la delivrance se realise si maman pousse d'accord mais si bebe aussi! C'est une rude epreuve pour lui, il ne faut pas l'oublier. Se couper des douleurs de l'accouchement en attenuant nos sensations, c'est aussi un peu couper la communication entre la mere et l'enfant a naitre. L'un a besoin de l'autre pour que se realise la magnifique delivrance. L'univers sensoriel de ces deux etres a ce moment precis est tres important. Transformer cet univers par un quelconque artifice est dommage. Un bebe a naitre est un enfant en devenir. Si notre enfant traverse une epreuve, nous allons l'aider, mettre nos forces en commun. Je ne voulais pas fuir sa premiere grande epreuve, je voulais la vivre avec lui, vivre ensemble l'extase qui suit la delivrance, lorsque la douleur vive et presque insupportable s'envole et que nos chairs se touchent.. enfin.



Quand on revient au moment de la delivrance ou plus de 3 kg de chair et de sang s'extirpe de la matrice, il parait evident que cela produit un veritable choc a la mere. Je reviens sur les mots de Rene. Il evoque la un choc physique. Un choc physique s'accompagne inevitablement d'un traumatisme psychologique. Coupee de la douleur du choc, comment est-ce qu'une femme vit les suites de son enfantement ? Ne lui manque-t-il pas une etape ? Le traumatisme psychologique est coupe de ses racines. Comment vit-on cette amputation pendant son sommeil ? Une chair qui quitte notre chair c'est comme un organe dont on se separe. C'est un peu fort mais c'est un peu ca quand meme :o)
Finalement, accepter la douleur physique au moment ou elle se presente c'est sans doute mieux
vivre avec son corps et dans sa tete.

Publié dans accouchements

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
N
Douleur, souffrance que de confusion dans ma tête, moi qui me suis dit tient pour Maléna se sera une péridurale comme çà pas de souffrances ,osmose totale avec mon bébé, j'ai eu trois enfants et le choix de la péridurale c'est fait ainsi. ma 1ere fille césarienne mon dieu que de déception ne rien ressentir juste un tiraillement dans le bas du ventre du à une grande cicatrice, mais où est mon bébé qui s'en occupe, là c'est une souffrance d'après, car rien je n'ai rien vu, rien senti quelle horreur, et puis mon garçon là accouchement normal mon dieu j'ai crié, j'ai insulté mon chéri, j'ai eu mal, la souffrance a envahi mon coeur et mon corps, je ne pouvais pas communiquer avec mon bébé, trop centré sur ma personne,j'ai dit plus jamais çà et là j'ai expulsé mon gros et beau bébé et plus de souffrance, de la douleur mais si faible face à mon garçon l'être le plus beau du monde et puis la chaleur de mon mari et celle de ma mère au combien importante, elle est là présente discrète, elle s'occupe de ma 1ere fille, elle calme mes douleurs par ses caresses. Puis ma dernière Maléna tant attendue pas de souffrance, sereine elle arrive vite que du bonheur, je ne sais pas si pour l'enfantement j'aurai pu avoir ton courage, par contre dans un autre contexte j'ai pu mesurer ce que représentait la douleur mot très différent de la souffrance je m'explique. Je viens d'être hospitalisée pour des problèmes cardiaques et là lors de l'examen j'ai eu mal, la douleur était vive, mais je voulais voir, sentir se que l'on faisait aux artères qui me relient à mon coeur, celui qui contient mes bonheurs et mes peines, bizarrement je gérais moi qui suis un peu chochotte pour des petits bobos mais j'ai pensé à mon mari, toi, à René vous les représentants de mes sages pensés et là plus besoin de doliprane ou pire de morphine la douleur allait partir puisque mon corps était à l'écoute. Alors là je me suis dit si avec cette expérience j'avais dû avoir un autre enfant peut être que j'aurai pu imaginé des conditions d'accouchement aussi belles que celles d'Easie, mais le monde moderne ne nous prépare pas à la douleur il nous la cache, il l'enveloppe dans du papier de soie et du coup nous ne faisons plus la différence entre deux mots très simples douleur et souffrance.
Répondre
S
<br /> Je te remercie beaucoup Nanie des confessions que tu partages avec nous. Ca nous touche enormement que tu aies pense a nous pendant ton epreuve a l'hopital d'autant plus si ca t'as aide, c'est<br /> magnifique. Ca te permet d'experimenter ce que dit rene a ce sujet, vas-tu te "retaper" plus rapidement que si tu avais succombe a la tentation du doliprane et de la morphine ? A cet instant la tu<br /> as permis a ton cerveau d'encourager cette connexion neuronale que tu avais cree suite a ton accouchement naturel pour ton fils. A chaque prochain bobo, aigreur d'estomac ou fievre tu vas avoir<br /> l'occasion a nouveau de conforter cette connexion qui chaque fois va se renforcer et devenir une veritable autoroute neuronale. Tu deviendras ainsi super sensible aux messages que ton corps<br /> t'envoie regulierement et qui passent souvent inapercu. Il suffisait simplement d'ecouter sa voix une premiere fois, puis une deuxieme, a partir de la tu n'en n'oublieras plus jamais le timbre :o)<br /> <br /> <br />